« Creating an Inclusive Narrative » : une publication australienne souligne l’identité partagée
SYDNEY — Comment une société ayant des points de vue différents sur l’histoire, la culture et les valeurs – certaines semblant en désaccord les unes avec les autres – peut-elle se forger une identité commune qui transcende les différences et ne privilégie pas certains groupes ou ne diminue pas la valeur des autres ?
Les bahá’ís d’Australie se sont lancés dans un projet de deux ans pour explorer cette question et des questions liées avec des centaines de participants – dont des fonctionnaires, des organisations de la société civile, des journalistes et de nombreux acteurs sociaux – dans tous les États et territoires.
Podcast - « Creating an Inclusive Narrative » : Une publication australienne souligne une identité partagée (en anglais)
Les bahá’ís australiens lancent une publication sur la cohésion sociale après deux ans de conversations entre fonctionnaires, universitaires, acteurs sociaux et citoyens dans tout le pays.
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Une nouvelle publication intitulée Creating an Inclusive Narrative (Créer un récit inclusif) (en anglais) est le fruit de ces discussions et a été lancée la semaine dernière lors d’une conférence nationale de cinq jours sur la cohésion sociale et l’inclusion, organisée par le Bureau bahá’í des affaires extérieures du pays.
Lors de la séance d’ouverture de la conférence, Margaret Beazley, gouverneur de Nouvelles-Galles du Sud, s’est interrogée sur le rôle important que le gouvernement et les institutions peuvent jouer dans le renforcement des liens entre les citoyens.
« Le caractère inclusif des discussions qui ont conduit à l’excellent document bahá’í Creating an Inclusive Narrative […] est en soi un excellent exemple d’une institution prenant le temps et les mesures nécessaires pour s’engager dans un processus de discours à plusieurs niveaux avec des personnes de différents horizons, sexes, capacités, handicaps, cultures et croyances. »
Lors d’une autre session de la conférence, la députée Anne Aly a cité la déclaration de Bahá’u’lláh : « La Terre n’est qu’un seul pays et l’humanité ses citoyens. » Elle a poursuivi : « Je pense que c’est le point de départ de la cohésion sociale. Nous considérer tous comme des citoyens égaux d’un monde qui dépasse les frontières nationales, qui dépasse les différences de race, les différences de religion, les différences de statut social ou économique.
« C’est ce qui m’attire le plus dans la foi bahá’íe. Ce principe central de l’égalité de l’humanité. »
Initier un processus d’apprentissage
Ida Walker, du Bureau des affaires extérieures, décrit comment le projet a débuté : « En 2016, le discours sur la cohésion sociale émergeait en bonne place sur la scène nationale. Il y avait alors – et il y a toujours – un grand besoin d’espaces unificateurs dans lesquels les gens pourraient explorer cette question, sans aucune restriction, pour avoir suffisamment de temps, sans voix dominantes, où les gens pourraient écouter et être entendus. »
En 2018, le Bureau des affaires extérieures s’était davantage engagé dans ce discours. Avec l’encouragement de différents acteurs sociaux et de ministères, l’idée de Creating an Inclusive Narrative a commencé à prendre forme.
« Nous savions que le processus devait impliquer des voix diverses issues de réalités différentes à travers le pays – est et ouest, rural et urbain, et de la base au niveau national. Et pour que cela puisse évoluer, nous avions besoin de nombreuses personnes capables de rendre possible le processus », explique Mme Walker.
À la mi-2019, de petits rassemblements avaient lieu dans quelques États. À mesure que davantage d’animateurs de différentes régions du pays étaient identifiés, davantage de réunions pouvaient être organisées. Mme Walker explique : « Les séances d’orientation ont permis aux animateurs de réfléchir en profondeur aux qualités et aux attitudes qui seraient nécessaires pour créer des espaces unificateurs. Ces séances leur ont donné l’occasion de réfléchir à la manière de poser des questions de fond.
« Il était important que les animateurs soient des résidents des zones dans lesquelles avaient lieu les réunions, afin de s’assurer qu’ils connaissaient bien les préoccupations et les problèmes locaux. Cette approche, à notre grande surprise, a permis aux animateurs et aux participants de poursuivre leurs discussions entre les réunions mensuelles, ce qui a suscité un enthousiasme et un intérêt croissants chez les participants pour poursuivre le processus. »
Le projet a finalement permis d’organiser des réunions mensuelles simultanément dans plusieurs États, ce qui a abouti à un total de 50 tables rondes.
Transcender les différences
L’un des participants des espaces de discussion a exploré le besoin d’établir des liens plus profonds entre les diverses populations du pays : « Ce que nous constatons en Australie, c’est que de nombreux cheminements différents se sont réunis dans une situation vraiment unique pour créer un nœud de récits qui sont liés entre eux. […] mais jusqu’à quel point sommes-nous prêts à entremêler ces histoires ? … Si nous ne sommes pas entremêlés, alors nous sommes tous ces éléments séparés et n’avons aucune relation les uns avec les autres.
« Si l’Australie est en travail, dans quelle mesure sommes-nous prêts à créer quelque chose de nouveau ? »
Mme Walker explique en outre que la promotion de la diversité dans toutes les sphères de la société, bien qu’essentielle, ne suffit pas à elle seule à rapprocher les gens ou à créer un consensus sur des questions vitales. « Les histoires des peuples autochtones, des colons européens et des migrants plus récents doivent être exprimées, mais aussi réconciliées.
« Lorsque le Bureau des affaires extérieures a commencé à s’engager dans le discours sur la cohésion sociale, nous avons entendu de nombreux acteurs sociaux dire que ces histoires se côtoyaient mais n’étaient pas tissées ensemble. Ce projet a permis à différents segments de la société de découvrir un récit qui permettrait à tous les habitants de notre pays de se voir sur un chemin commun. »
Au début du projet, les participants au processus ont discuté de la manière dont toute tentative de transcender les différences devrait aborder la question de l’histoire. S’appuyant sur les riches enseignements de ces conversations, Creating an Inclusive Narrative commence par ce sujet dans une section intitulée « Où étions-nous ? », en attirant l’attention sur l’histoire riche et ancienne de la terre et en mettant en évidence les défis et les opportunités du temps présent : « Un fil conducteur de notre histoire est constitué par les histoires des bons et des mauvais moments, des moments dignes de honte et de fierté. Aucune nation n’a un bilan sans tache, et pourtant ceux qui ont enduré des déplacements et des souffrances, en particulier les peuples autochtones, ont fait preuve d’une résilience extraordinaire. Le pouvoir de l’esprit humain de transcender l’injustice et de surmonter les crises est une caractéristique essentielle qui a enrichi et façonné l’évolution de notre société. »
Identifier les valeurs communes
Les participants au projet ont reconnu que, bien que difficile au début, l’identification de valeurs communes serait nécessaire pour surmonter les obstacles à un plus grand degré d’harmonie. Venus Khalessi, du Bureau bahá’í des affaires extérieures du pays, décrit les effets de la pandémie sur la capacité des participants à développer un plus grand sentiment d’identité commune. « Au début, les participants hésitaient à parler de valeurs par peur d’offenser les autres. Mais lorsque la pandémie a frappé, tout le monde a vu que face à une crise, les gens sont devenus plus gentils, plus généreux et plus ouverts aux étrangers. Cela a eu un impact significatif sur la façon dont nous nous percevons en tant que société et sur notre capacité à articuler le type de valeurs que nous souhaitons voir perdurer au-delà de la crise. Nos valeurs humaines communes sont devenues un point de référence, y compris des principes spirituels tels que la justice, la compassion et notre unité inhérente. »
Ces discussions ont révélé qu’une capacité vitale est nécessaire pour identifier les valeurs communes, décrite dans la publication comme une « ouverture à l’adaptation et à la flexibilité dans l’adoption de croyances, de valeurs et de pratiques qui sont utiles pour résoudre les problèmes d’aujourd’hui et éliminer ceux qui sont dépassées ».
Parmi les valeurs, qualités et caractéristiques identifiées par les participants et reprises dans la publication figurent : l’unité de l’humanité et l’unité dans la diversité, la consultation comme moyen de prise de décision collective, la reconnaissance la noblesse et de la dignité de tous les peuples, la collaboration, une posture d’apprentissage dans tous les domaines et une ouverture aux nouveaux modes de vie.
Élargir la conversation
Mme Walker explique comment cette expérience a révélé que le défi pour trouver un terrain d’entente n’est pas un manque de valeurs communes, mais plutôt un manque d’espaces où les gens peuvent apprendre à se connaître à un niveau plus profond. Elle précise : « Les problèmes que nous rencontrons ne peuvent être résolus par un groupe pour un autre. Nous voyons tant de capacités dans le pays qui peuvent être libérées simplement en fournissant des espaces où les valeurs et la vision partagées peuvent être encouragées et traduites en actions. De nombreuses personnes, en participant au processus des tables rondes, ont renforcé leur détermination à contribuer à la société. »
Brian Adams, directeur du Centre pour le dialogue interconfessionnel et culturel de l’université Griffith dans le Queensland, qui a également fait partie du conseil consultatif pour Creating an Inclusive Narrative, déclare à propos du projet : « Nous n’essayons pas de créer artificiellement une large identité. Nous essayons de démêler les fils qui constituent notre identité et de les tisser ensemble dans ce récit. … [Ce processus] est quelque chose qui se fait par la collaboration et l’écoute respectueuse, et beaucoup de travail pour créer cette identité ensemble. »
Natalie Mobini, directrice du Bureau bahá’í des affaires extérieures et membre de l’Assemblée spirituelle nationale bahá’íe d’Australie, explique les possibilités de faire participer de nombreux autres segments de la société grâce aux relations qui se sont établies entre les institutions, le gouvernement et la société civile dans le cadre de ce processus. « Lorsque le Bureau des affaires extérieures s’est lancé dans cette initiative, je ne pense pas que nous ayons réalisé l’ampleur qu’elle prendrait. L’un des résultats les plus prometteurs du projet réside dans les relations établies entre ceux qui y ont participé. Un réseau de personnes couvrant l’ensemble du pays – des groupes et des dirigeants communautaires au niveau local aux services gouvernementaux nationaux – a vu le jour. »
Dans ses réflexions lors de la conférence, Mme Anne Aly, députée, s’est inspirée de la littérature universitaire pour explorer la manière dont les nouvelles conceptions de la cohésion sociale peuvent plus largement imprégner la société. « Tout comme nous ne pouvons pas considérer la paix comme une simple absence de guerre, la cohésion sociale ne peut pas non plus être simplement considérée comme une simple absence de discorde ou de désunion au sein d’une société. » Elle a continué à expliquer que la cohésion sociale ne devrait pas être traitée comme un domaine politique cloisonné, mais que toutes les politiques devraient contribuer à une société plus cohésive.
Mme Anne Aly a également fait référence au passage suivant des écrits bahá’ís, le décrivant comme pertinent pour les discussions sur la cohésion sociale : « Sois généreux dans la prospérité et reconnaissant dans l’adversité. Sois digne de la confiance de ton voisin et regarde-le avec un visage radieux et amical. Sois un trésor pour le pauvre, un avertissement pour le riche, un écho au cri du nécessiteux, et préserve la sainteté de ton engagement. Sois impartial dans tes jugements et réservé dans tes paroles. Ne sois injuste envers personne et sois humble devant tous les hommes. Sois une lampe pour ceux qui marchent dans les ténèbres, une joie pour ceux qui souffrent, une mer pour les assoiffés, un havre pour ceux qui sont dans la détresse, un soutien et un défenseur pour la victime de l’oppression. […] Sois un foyer pour l’étranger, un baume pour celui qui souffre… »
Le document Creating an Inclusive Narrative, les enregistrements des sessions de la conférence et de plus amples informations sur le projet sont disponibles sur le site web (en anglais) du Bureau des affaires extérieures de la communauté bahá’íe australienne.