Un regard sans concession sur l’actualité et son impact social
MADRID — Un groupe de journalistes espagnols renommés s’est réuni récemment pour débattre de l’impact des médias d’information sur la cohésion sociale et la montée de la radicalisation. Le 15 mars, une table ronde a été organisée par le Bureau espagnol des affaires publiques bahá’íes au Centre d’études universitaires de l’université Roi Juan Carlos.
« La fonction du journalisme est de faire connaître au public des informations objectives pour le bien commun, a déclaré Rafael Fraguas, cofondateur du grand quotidien El Pais. Aujourd’hui, les informations sont confondues avec les opinions. La compromission de l’objectivité – la plus haute forme d’honnêteté – dans les médias d’information mène à l’ignorance, et il est clair aujourd’hui que l’ignorance gagne la société. »
L’évènement comprenait une table ronde avec cinq personnes travaillant avec certains des principaux organes de presse espagnols : M. Fraguas, Jesús Bastante, rédacteur en chef de la publication en version électronique Religión Digital, Beatriz de Vincete de Castro, avocate et personnalité des médias, Francisco Castañón, directeur du magazine en version électronique Entreletras, et Juana Pérez, rédactrice à l’agence de presse internationale Pressenza. La discussion s’est déroulée devant une quarantaine d’étudiants et de professeurs.
Les participants ont analysé les forces en conflit qui façonnent la couverture de l’actualité aujourd’hui. Le caractère d’urgence et les coupes budgétaires ont limité la capacité des journalistes à mener des analyses approfondies. Ces mêmes forces favorisent des histoires sensationnelles et superficielles qui cherchent souvent à faire appel à des émotions de colère et de méfiance. Pourtant, de nombreux journalistes sont pleinement conscients de ces tendances et souhaitent mener à bien des reportages plus approfondis, qui explorent les complexités d’une situation qui affecte la société, et aider à renforcer la compréhension.
« Dans la société, il existe des processus de désintégration et de désespoir qui attirent un large public et des processus d’intégration qui inspirent l’espoir mais qui ne sont pas toujours couverts. C’est pourquoi les journalistes doivent choisir entre monter une émission à sensation en portant des jugements et informer d’une manière digne de confiance qui nourrit l’espoir », a expliqué Mme Pérez au cours de la discussion.
Layla Sant, du Bureau bahá’í des affaires publiques, a expliqué les objectifs de l’évènement. « Les médias ont un impact sur la façon dont la société voit et perçoit la réalité, a-t-elle déclaré. Cet échange est une première étape nécessaire pour établir un dialogue dans notre société sur les valeurs et le cadre pouvant permettre aux médias de s’acquitter de leur rôle et de leur responsabilité pour améliorer la société. »
La table ronde découle d’un séminaire coorganisé par la communauté bahá’íe en octobre sur la prévention de la radicalisation violente. « Nous avons découvert un thème important à explorer plus avant, à savoir la place des médias dans les forces positives et négatives qui se manifestent dans la société actuelle, a déclaré Dunia Donaires, également du Bureau des affaires publiques. Nous avons donc décidé d’organiser une série de discussions pour les journalistes afin d’analyser les éléments à l’origine de la radicalisation, tels que la polarisation et la couverture conflictuelle, et d’examiner comment les médias pourraient les contrer. »
Le Bureau des affaires publiques prépare de futures tables rondes. Il aspire à donner une impulsion à une conversation qui s’intensifie dans le pays sur les valeurs et les responsabilités des médias et, finalement, à mener de nouvelles actions pouvant favoriser l’harmonie sociale. Le Bureau collabore également avec l’université autonome de Madrid pour dispenser un cours d’été de trois jours sur la prévention de la radicalisation violente.