Une expérience harmonieuse : Tracer l’avenir du parcours éducatif en Zambie
LUSAKA, Zambie — Le mois dernier, les bahá’ís de Zambie se sont penchés sur une question cruciale : Comment l’éventail d’initiatives éducatives bahá’íes dans ce pays peut-il offrir une expérience homogène et cohérente de la petite enfance à l’âge adulte ?
Les institutions bahá’íes et les organisations d’inspiration bahá’íe de Zambie se sont récemment réunies pendant cinq jours à Lusaka pour avoir une vue d’ensemble des différents projets éducatifs menés dans ce pays depuis plusieurs décennies.
Musonda Kapusa-Linsel, membre du Corps continental de conseillers en Afrique, décrit l’importance de cette réunion en disant : « Ce séminaire a permis aux agences impliquées dans la promotion de l’éducation spirituelle et matérielle en Zambie de se réunir pour la première fois et de mieux apprécier l’ensemble des initiatives dans le pays, en explorant les possibilités d’une collaboration beaucoup plus étroite dans leurs efforts. »
Mme Kapusa-Linsel explique que les discussions dynamiques ont ouvert de nouvelles perspectives passionnantes et ont permis aux participants de considérer que leurs efforts contribuent à un seul et même objectif : éveiller les énergies latentes dans l’âme humaine et les canaliser vers l’amélioration de leurs quartiers, de leurs villages et, en fin de compte, de leur société.
Un système éducatif en constante amélioration
Hamed Javaheri, un autre conseiller de Zambie, explique qu’afin de tracer une voie pour l’avenir, les participants ont convenu qu’il était important d’articuler une compréhension commune du parcours du système éducatif qui s’est développé jusqu’à présent.
Pour ce faire, les participants ont examiné les expériences en matière d’efforts éducatifs pour l’autonomisation spirituelle et morale, l’éducation académique et les initiatives éducatives liées au développement social et économique. Un document préparé par l’Assemblée spirituelle nationale bahá’íe de Zambie a permis aux participants de voir tous ces entreprises sous un même angle, en recueillant les idées et les expériences des vingt dernières années d’efforts. Ce qui est rapidement devenu évident, c’est que ce qui a émergé est un système éducatif dans un état de perfectionnement constant.
L’histoire commence en 1983 lorsqu’un institut de formation consacré à l’éducation morale a été créé pour la première fois.
« En mettant l’accent sur le renforcement des capacités pour se mettre au service de la société, ce premier institut a jeté les bases des efforts de développement des communautés ainsi que de toutes les initiatives éducatives ultérieures », explique M. Javaheri.
Il décrit comment cet institut, qui a depuis été décentralisé en quatre instituts desservant les nombreuses régions de la Zambie, a réuni des personnes de tous âges en petits groupes pour explorer les principes bahá’ís – tels que l’unité de l’humanité, l’égalité des femmes et des hommes, l’importance d’une vie de service à la société et de la consultation – et pour acquérir une expérience pratique dans l’application de ces principes à la vie des quartiers et des villages.
Alors que la participation aux programmes d’autonomisation morale des instituts de formation s’est développée au fil des ans, le désir et la capacité des gens à offrir des services plus complexes à leurs communautés augmentaient également. Cette capacité croissante, explique M. Javaheri, a ouvert la voie à l’exploration d’autres impératifs éducatifs, notamment ceux liés à la formation universitaire, ainsi qu’à des initiatives liées au développement social et économique.
De nombreuses initiatives pédagogiques, un seul objectif global
Les discussions à Lusaka ont permis aux participants de voir que, bien qu’il existe de nombreuses initiatives éducatives bahá’íes en Zambie, elles partagent toutes un objectif commun. Mohamed Abdou-Salami de la Fondation Inshindo, une organisation d’inspiration bahá’íe, déclare : « Le principe de fonctionnement de toutes ces initiatives est la foi en la capacité d’une population à être les protagonistes de leur propre progrès matériel, spirituel et intellectuel, et non pas de simples bénéficiaires ou de simples participants. »
Les participants à la réunion ont vu comment les programmes d’autonomisation morale de l’institut de formation reconnaissent et aident à cultiver un désir de connaissance, d’éducation et de service.
Les compétences et les capacités acquises grâce à l’institut de formation ont également enrichi l’expérience des jeunes qui ont participé à une autre initiative éducative : des écoles primaires et secondaires d’inspiration bahá’íe, créées par des personnes formées par la Fondation Inshindo. Ces écoles communautaires nourrissent la soif d’excellence académique des élèves et les orientent vers le désir de servir leurs concitoyens. Depuis le milieu des années 2000, un réseau de 63 écoles a vu le jour dans ce pays, notamment dans les zones rurales et périurbaines, où les possibilités d’éducation pour les jeunes ont historiquement été limitées.
M. Javaheri note que ces écoles communautaires sont généralement créées dans des endroits qui ont la capacité de soutenir un grand nombre d’activités bahá’íes de construction de communautés. Ces communautés permettent aux écoles d’être établies sur des bases solides, avec le soutien des parents, des enseignants formés et des assemblées spirituelles locales bahá’íes, en collaboration avec les dirigeants de la communauté et, dans certains cas, avec les agences gouvernementales et les organisations de la société civile.
Une autre initiative académique est la Banani International School. Créée en 1992, elle offre aux jeunes filles zambiennes un enseignement secondaire de qualité, axé sur l’excellence morale et intellectuelle. L’école apprend à combiner un programme d’études international avec un programme de développement du caractère qui s’inspire du matériel pédagogique bahá’í.
Lorsque les jeunes commencent leurs études secondaires et développent une prise de conscience accrue des enjeux sociaux, ils sont initiés au programme Préparation à l’action sociale (PSA), qui est mis en œuvre par la Fondation Inshindo.
M. Abdou-Salami explique que le programme PSA renforce la capacité des jeunes à appliquer les connaissances tirées à la fois de la science et de la religion pour le développement de leurs communautés dans des domaines tels que l’éducation, l’agriculture et la production alimentaire durable, la santé et l’environnement.
« Les participants au programme PSA en viennent à considérer le développement de leur communauté comme quelque chose qu’ils peuvent assumer. Ils n’attendent pas l’aide de personnes extérieures. Ils identifient les besoins et prennent des mesures pour y répondre », explique-t-il.
Il ajoute que les participants apprennent à lancer des projets agricoles, à créer des écoles maternelles, à concevoir des campagnes et des activités de santé environnementale et à créer de petites entreprises.
À l’approche de l’enseignement supérieur, certains de ces jeunes ont besoin d’une aide scolaire supplémentaire pour exceller dans leurs études universitaires. La nouvelle Fondation Lomthunzi cherche à répondre à ce besoin par le biais d’un programme de tutorat qui offre aux étudiants des cours complémentaires en sciences, en mathématiques et en anglais.
Chungu Kapusa, de Lomthunzi, déclare : « La Fondation Lomthunzi fournit également aux étudiants des conseils en matière de carrière, les accompagne dans les écoles de formation professionnelle, les collèges et les universités, et les aide à exercer des professions qui leur permettent de rendre service à leur communauté. »
En entrant dans l’enseignement supérieur, les jeunes qui ont participé à ces initiatives éducatives éprouvent un désir toujours plus profond de comprendre la réalité sociale à la lumière des principes bahá’ís. C’est alors que l’Institut d’études sur la prospérité mondiale propose des séminaires de premier cycle, qui permettent aux étudiants universitaires de se familiariser avec une perspective bahá’íe sur des questions relatives au progrès social. L’un des objectifs de ces séminaires est d’aider les participants à considérer leur formation universitaire comme faisant partie intégrante de leurs efforts pour contribuer à la transformation de la société.
Les progrès de la culture
Parmi les enseignements tirés de la réunion nationale de Lusaka figurent les premiers signes de l’impact des initiatives éducatives bahá’íes sur la culture de certaines zones rurales, en particulier dans les endroits où des barrières sociales ou culturelles peuvent entraver la formation éducative des jeunes.
Cllyv Lengwe, du programme des écoles communautaires, déclare : « Au fur et à mesure que les parents et la communauté au sens large interagissent avec les différents programmes éducatifs des bahá’ís de Zambie, leur compréhension de l’importance de l’éducation intellectuelle et spirituelle grandit. »
Pauline Kaumba, coordinatrice régionale de l’institut de formation dans la province du Nord-Ouest, précise : « Dans certains villages, les filles manquent de soutien dans leur éducation et ressentent la pression des coutumes traditionnelles concernant le mariage précoce.
« Mais lorsque ces filles participent aux programmes éducatifs de la communauté bahá’íe et entreprennent des actions sociales, leurs parents et leurs familles voient quelque chose de différent ; leur mentalité sur le mariage précoce change.
Mme Kaumba ajoute : « Ces jeunes femmes poursuivent leurs études et en viennent à se considérer comme des agents de changement, comme des personnes qui peuvent réellement contribuer au développement de leur village. »
Vivre une vie cohérente
Mme Kapusa, de la Fondation Lomthunzi, explique que tous ces impératifs éducatifs imbriqués – développer les capacités spirituelles et morales, promouvoir l’excellence académique et accroître la capacité d’action sociale – permettent aux jeunes de canaliser leurs capacités créatives et intellectuelles pour enrichir la vie sociale, économique et spirituelle de leur société.
Elle déclare : « Ces jeunes apprennent à mener une vie cohérente, à savoir qu’il est possible d’étudier tout en servant ses concitoyens. À la fin de leurs études supérieures, ils reviennent pour contribuer au développement de leurs communautés par le biais de leur profession. »
Étendre la conversation à la base
Mme Kapusa-Linsel explique que la discussion nationale à Lusaka était la première d’une longue série qui va maintenant se poursuivre au niveau local, en particulier dans les quartiers et les villages.
Ces discussions, dont la première a déjà eu lieu dans le village de Katuyola dans la province du Nord-Ouest, réuniront des familles entières, des enseignants, des chefs traditionnels et d’autres acteurs sociaux pour explorer comment ils peuvent renforcer les fondations des initiatives existantes, en répondant aux aspirations intellectuelles, morales et spirituelles de leurs communautés, de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur.