Promouvoir l’autosuffisance : la FUNDAEC encourage la production locale de nourriture
CALI, Colombie, le 11 août 2020, Colombia — Lorsque la pandémie s’est intensifiée en Colombie, des incertitudes sur de nombreux aspects de la vie courante se sont rapidement installées. Une organisation d’inspiration bahá’íe, la FUNDAEC, constatant que la crise aurait des conséquences à long terme, a cherché à savoir comment elle pourrait être utile à la société pendant une période où les besoins étaient criants.
Leslie Stewart, directrice exécutive de la FUNDAEC, explique comment cette organisation a rapidement porté son attention sur les moyens de soutenir les initiatives locales de production alimentaire. « L’économie du pays a été sévèrement affectée, avec plus de 10 millions de personnes qui sont à présent au chômage.
« Compte tenu de la situation, la production alimentaire, qui est l’une des composantes de nos différents programmes de formation visant au développement, est devenue pour nous une question centrale, dès le début de la pandémie. Depuis le mois de mars, la FUNDAEC s’est concentrée sur quatre grands domaines en soutenant des initiatives visant à l’autosuffisance alimentaire : la création de jardins familiaux, la culture de parcelles agricoles plus étendues, la transformation des aliments, ainsi que la distribution et la commercialisation. »
La FUNDAEC (Fundación para la Aplicación y Enseñanza de las Ciencias – Fondation pour l’application et l’enseignement des sciences), a été créée en Colombie en 1974 et se consacre depuis plus de 40 ans au développement des capacités des gens à contribuer au bien-être de la société où ils vivent. S’agissant de cette initiative toute récente, l’agence s’est appuyée sur ses décennies d’expérience et de recherches en matière de production alimentaire afin de créer des ateliers en ligne, aidant ainsi la population à s’informer sur différents aspects de la production agricole, par exemple, la sélection des semences, la régénération des sols, la gestion des parasites et des maladies, et la récolte.
Mme Stewart explique comment l’approche de la FUNDAEC en matière de développement s’inspire des principes bahá’ís d’harmonie entre la science et la religion, d’unité de l’humanité et de service désintéressé à la société. « Nous pensons qu’un dialogue entre la science et la religion est nécessaire si l’on veut contribuer au progrès social, dans ses dimensions matérielles et spirituelles. L’agriculture joue un rôle crucial dans la construction des civilisations. Elle a son importance dans les processus de vie communautaire et elle devrait pouvoir bénéficier des apports provenant à la fois de la religion et de la science.
« Force est de reconnaître que le matérialisme qui a guidé le développement des systèmes agricoles n’a pas permis d’apporter à tous la prospérité attendue, et c’est pourquoi la question de l’alimentation revient au centre de la discussion. Il s’agit donc de savoir comment des principes d’ordre spirituel peuvent nous aider à comprendre le développement et la production alimentaires ? Par exemple, nous devons nous assurer que les pratiques agricoles sont basées sur l’équité et la coopération et que les efforts sont menés dans un esprit d’humilité et de gratitude vis-à-vis de la terre et de l’environnement.
« Nous avons constaté durant cette période que les gens découvrent naturellement l’esprit de solidarité – en voyant qu’ils peuvent jouer un rôle actif en contribuant à transformer une épreuve en une opportunité, celle de rendre service à leurs concitoyens – et que notre propre rôle en tant qu’organisation est d’essayer d’aider à canaliser ces énergies de manière utile. »
Dans la localité d’Aipe, au centre de la Colombie, un groupe de personnes a collaboré avec l’Assemblée spirituelle locale bahá’íe pour créer une petite ferme. Ces personnes ont tissé des liens avec la mairie et un agronome local. Cette première initiative a incité quelque 13 familles à créer leurs propres jardins familiaux autour du terrain exploité, aboutissant à une première récolte qui a été partagée avec plus de 70 personnes. Ces dernières, ayant bénéficié de cette récolte, se sont impliqués à leur tour dans ces travaux et ont trouvé un sens dans le fait de rendre service à leur communauté à travers la production d’aliments sains, bio, et distribués de manière équitable.
« L’exemple que donnent des personnes qui produisent de la nourriture pour leurs communautés est contagieux, affirme Ever Rivera, coordinateur des programmes de la FUNDAEC. Ceux qui n’ont jamais fait pousser des plantes peuvent profiter de l’exemple, du soutien et de l’accompagnement de ceux qui les entourent. Tant et si bien que même les conversations courantes entre voisins se transforment en occasions de générer des connaissances locales sur la production alimentaire. »
Arelys, qui participe aux initiatives de production alimentaire à Tuchin, a été frappé de voir comment les gens ont commencé, de différentes manières, à se connecter avec la terre qui les entoure : « Des familles se sont senties motivées en réalisant qu’elles pouvaient produire de la nourriture sur des espaces qu’elles possédaient déjà, et bien des gens ont pu voir que du positif pouvait être tiré d’un moment de crise. »
Ysnever, de Aipe, explique que dans sa ville il n’existe pas de tradition agricole et que la nourriture est généralement importée de la campagne. Mais les cours en ligne de la FUNDAEC ont permis aux gens de regarder différemment leur lopin de terre. « Nous avons compris qu’on pouvait planter potentiellement des semences dans pratiquement tous les endroits où il y a de la terre ! »
En plus des ateliers en ligne, la FUNDAEC publie et distribue un bulletin mensuel qui relie les participants dans tout le pays à un ensemble grandissant de connaissances générées par les initiatives locales.
Parmi les efforts actuels de l’agence, relevons aussi celui consistant à contribuer au discours et à la réflexion sur l’agriculture auprès des responsables gouvernementaux, des universitaires et des organisations de la société civile. « Il s’agit d’ouvrir un dialogue entre le cultivateur, riche de connaissances traditionnelles, et l’étudiant en agronomie qui peut apporter les meilleures pratiques de la science moderne, explique Mme Stewart. Ce dialogue permet d’éviter l’écueil du roman de « la vie plus simple » du passé et aussi celui d’accepter inconditionnellement les technologies modernes. Ce dialogue permet plutôt de construire un système alternatif qui associe les profondes traditions du paysan et les principes spirituels – reconnaissance envers la nature pour ses dons et compréhension de notre relation avec la terre pour les générations futures – aux idées et aux meilleures pratiques de l’agronomie moderne. »
Plus de 1 500 personnes à travers le pays sont impliquées dans les quelque 800 initiatives agricoles facilitées par la FUNDAEC, depuis le début de la pandémie. En faisant le bilan des premières récoltes résultant de ces initiatives, Mme Stewart observe :
« Le temps des récoltes est un moment très spécial. Il invite à la réflexion et permet aux gens de comprendre que, telles les plantes qui poussent, nous grandissons aussi en capacités individuelles et collectives. Les participants peuvent voir à quel point, dans cet effort, certaines qualités spirituelles sont essentielles. L’unité est nécessaire pour pouvoir donner une réponse collective rapide à un besoin en temps de crise. La foi est nécessaire pour avoir confiance que les graines semées vont germer. La patience est nécessaire pour attendre que les plants grandissent et se développent ainsi que pour faire face aux petits échecs en cours de route. Amour, persévérance et diligence sont nécessaires pour ces travaux quotidiens.
« Cette période a été l’occasion de remercier la « générosité » de la terre, en la soignant et en la protégeant. »