Des chefs recherchent une paix durable à la lumière de vérités spirituelles
KAKENGE, République Démocratique Du Congo — Au début de ce mois, les habitants de Kakenge, dans la province du Kasaï-Central, en République démocratique du Congo, ont écouté à la radio locale une émission remarquable. Il s’agissait de la diffusion en direct d’une discussion entre une soixantaine de chefs de villages et de chefs de tribus, dont beaucoup étaient dans les camps opposés d’un conflit armé il y a seulement un an, discutant du véritable but de la religion, de l’unité de la famille humaine, de la promotion du progrès matériel et spirituel et du rôle essentiel des femmes dans l’édification d’une société pacifique.
Compte tenu des tensions qui persistent, la communauté bahá’íe du pays avait invité des chefs de la région du Kasaï-Central à une conférence de trois jours pour examiner la façon dont les principes présents dans les Écrits de Bahá’u’lláh peuvent éclairer des questions d’intérêt pratique et immédiat pour leur société.
Lambert Kashama, un haut responsable administratif de la région, a décrit ce qui l’a attiré à cette conférence : « Pendant la période de conflit tribal qu’a connue Kakenge et ses environs, je voyais des bahá’ís des deux tribus opposées travailler ensemble et venir me consulter sur ce qu’il fallait faire pour rétablir la paix. C’est pourquoi aujourd’hui je suis venu ici pour mieux comprendre ces enseignements. »
La communauté bahá’íe de la République démocratique du Congo, qui existe depuis longtemps, a passé des décennies à contribuer à un changement social constructif, en particulier grâce à des initiatives éducatives à la base. Au cours des dernières années, ses membres ont eu des entretiens avec des chefs de différentes régions du pays pour explorer ensemble les voies menant à une société caractérisée par des principes tels que l’harmonie, la justice et la prospérité.
« Cette religion enseigne l’unité dans la pratique », a commenté le chef Walter Melangu.
« Nous ne dirigerons plus notre peuple dans les ténèbres, maintenant que la lumière nous est apparue de ces enseignements que nous n’oublierons jamais. »
—Une déclaration signée conjointement par des chefs de Bukavu
La récente conférence a été consacrée au principe bahá’í selon lequel toute l’humanité est une, indépendamment de la race, de la nationalité ou de la tribu. Les chefs ont estimé que cette réunion était une occasion unique de décider de mesures pratiques qui pourraient transformer la coexistence tendue entre tribus et groupes religieux en une collaboration constructive et pacifique.
Jean-Baptiste Shamba, le chef du village de Nkinda Katenge, a décidé lors de cette conférence que, dès son retour dans sa communauté, il rassemblerait toutes les personnes qu’il avait considérées comme ennemies afin de faire la paix et de leur demander un pardon mutuel. « En suivant ces enseignements, je transformerai la rancœur qui existe avec mes frères. Notre conflit était basé sur l’ignorance. Désormais, nous parlerons comme des amis pour le bien de notre communauté. »
Un autre résultat notable de la conférence a été la décision prise par de nombreux chefs de convoquer des réunions de toutes les femmes de leurs villages, sachant que leur participation était essentielle au succès de la réconciliation.
Lors d’une autre conférence ce mois-ci à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, les chefs ont discuté des mêmes thèmes que leurs homologues du Kasaï-Central. Certains ont déclaré que des conversations comme celles-ci pouvaient prévenir des conflits à l’avenir. « Nous comprenons que la paix n’est pas quelque chose que les organisations de développement nous apportent : lorsque les gens décident de contribuer à leurs communautés, c’est un état d’âme et d’esprit. »
Lavoisier Mutombo Tshiongo, secrétaire de l’Assemblée spirituelle nationale bahá’íe du pays, qui a assisté aux deux conférences, a décrit ainsi leur importance : « Les rassemblements de ces chefs représentent un pas remarquable qui ouvre de nouvelles possibilités pour matérialiser l’unité des peuples et la prospérité de nos communautés. »
« Ces conférences permettent aux chefs qui ont fait la guerre par le passé de se réunir, explique Justin Kamwanya, un autre membre de l’Assemblée spirituelle nationale. Le fait qu’ils s’expriment, qu’ils partagent tous la même nourriture, se saluent et s’embrassent – et surtout qu’ils se réunissent autour de la religion, autour de la Parole de Dieu – c’est le catalyseur qui permet l’avènement d’une paix durable. »
« Nous avons vu que le monde évolue », lit-on dans une déclaration signée conjointement par 26 chefs à l’issue de la conférence de Bukavu. « Nous ne dirigerons plus notre peuple dans les ténèbres, maintenant que la lumière nous est apparue de ces enseignements que nous n’oublierons jamais. »