En Espagne, une conversation dynamique vise à prévenir la radicalisation
TRES CANTOS, Espagne — En Espagne, universitaires, journalistes et responsables gouvernementaux et militaires, confrontés à une radicalisation violente, tentent de comprendre ses causes profondes et d’empêcher sa prolifération. Un récent cours universitaire co-organisé par la communauté bahá’íe du pays a mis en lumière, selon différentes perspectives, certaines des idées émergentes importantes.
« L’objectif de ce cours est de continuer à réfléchir à la nature de la radicalisation et aux moyens d’y répondre, en accordant une attention particulière à l’impact de la religion sur la société », a déclaré Leila Sant, du Bureau des affaires publiques de la communauté bahá’íe espagnole. « En outre, le cours tente d’offrir différentes perspectives sur ce phénomène de radicalisation afin d’en brosser un tableau complet et non fragmenté. »
Le cours a été proposé par une université de Madrid (UAM) du 1er au 3 juillet. Plus de 20 spécialistes de divers domaines étaient impliqués dans ce cours, organisé en une douzaine de discussions en table ronde. Planifié en collaboration avec le professeur Ricardo Garcia de l’UAM, le cours a non seulement permis aux étudiants de bénéficier des connaissances qui y étaient partagées, mais a également ouvert un espace dynamique aux acteurs pour approfondir leur propre compréhension de la complexité de la radicalisation violente.
Depuis plusieurs années, le Bureau bahá’í des affaires publiques s’est engagé dans un discours sur le rôle de la religion dans la société qui met l’accent sur les causes de la radicalisation violente. Les écrits bahá’ís enseignent que la vraie religion a un rôle central à jouer pour vaincre le fanatisme religieux, que le pouvoir latent dans la religion peut transformer la colère et la haine en amour et en respect de la dignité inhérente à autrui. Le cours universitaire était un résultat naturel de cet effort à long terme, a expliqué Mme Sant. Le Bureau a récemment organisé des rencontres similaires, tels qu’un séminaire d’une journée sur le même thème, ainsi qu’une table ronde avec des journalistes sur l’impact social de l’information.
La relation entre religion et radicalisation a occupé une place importante dans le cours. Le professeur Garcia a fait remarquer que la religion peut être considérée à la fois comme la cause et la solution de la radicalisation. Pour combattre l’extrémisme religieux, il faut comprendre la logique de la religion, tenir dûment compte de son influence sur la vie de nombreuses personnes et apprendre à travailler avec les communautés religieuses pour construire l’harmonie sociale.
Ce cours allait au-delà des idées simplistes sur la radicalisation pour explorer ses nombreuses dimensions.
« Il est important pour la société de s’ouvrir aux nouvelles idées introduites par la non-violence, d’écouter des points de vue différents du vôtre. C’est très sain, a expliqué Mme Sant lors de la séance d’ouverture du cours. Cependant, la radicalisation se caractérise par le fait de considérer un groupe de personnes comme différentes de vous, de voir les choses en noir et blanc et de n’avoir que des idées absolues. Cela peut éventuellement vous mener à la différenciation et à la violence. »
Les intervenants ont également expliqué comment les politiques partisanes poussent les gens à avoir une mentalité de confrontation vis-à-vis des partisans des partis différents du leur. Dans un environnement médiatique saturé qui favorise le spectacle, seul un langage radical qui divise est entendu, ont expliqué les orateurs.
« Il est très important de ne pas banaliser la politique et de ne pas oublier que tous les êtres humains sont, par essence, égaux en dignité, a déclaré Esteban Ibarra, président du Mouvement contre l’intolérance.
Un autre thème qui a émergé était l’importance pour toutes les personnes d’avoir la possibilité de bénéficier du progrès de la société et d’y contribuer. C’est particulièrement vital pour les nouveaux arrivants dans le pays. Des orateurs, dont des représentants de la police nationale et de l’armée, ont expliqué que l’intégration sociale est favorisée par le parrainage et des réseaux tels que les communautés religieuses.
« Bien qu’il y ait en Espagne l’égalité des chances, certains groupes se retrouvent dans des positions sociales plus défavorisées », a déclaré Oscar Prieto, professeur à l’université de Gérone, qui a mis au point des programmes de parrainage pour aider les jeunes à risque en matière d’exclusion sociale. « C’est en raison du manque de personnes qui les soutiennent et agissent en tant que mentors informels pour résoudre les difficultés courantes de la vie quotidienne que certaines personnes ont moins de possibilités de promotion sociale. »
Les médias locaux et nationaux ont largement couvert ce cours, qui a rassemblé d’éminents orateurs tels que le président de la cour constitutionnelle du pays, un chef de la garde civile nationale et des journalistes de renom. Les organisateurs prévoient de publier un livre avec les discussions figurant dans le cours et d’organiser d’autres cours par le biais de l’université.