La foi comme catalyseur du changement social : perspectives en provenance du Congo
KINSHASA, République Démocratique Du Congo — Lorsque des représentants de communautés chrétiennes, musulmanes et bahá’íes se sont rassemblés pour la première fois dans un bar à jus de fruits à Kinshasa en février, une question en particulier a animé leurs échanges : comment expliquer clairement aux autres le lien profond qui existe entre la religion et le changement social constructif ?
Cette première discussion informelle dans la capitale congolaise a depuis évolué en un dialogue animé sur le pouvoir de la foi pour unifier les peuples et dynamiser le processus de paix.
« Nous avions tous une vision commune. Nous sommes convaincus que la religion est une source d’unité, alors ne nous contentons simplement d’en parler. Passons à l’action », a expliqué Rachel Kakudji, du Bureau des affaires extérieures bahá’íes de la République démocratique du Congo. L’une des étapes entreprises par le groupe naissant a été d’organiser un forum d’une journée mettant en lumière l’impact des principes et concepts spirituels sur de nombreux aspects de la société, tels que l’économie, la gouvernance, le droit, la santé, l’éducation, les médias et l’art.
Pendant des années, les bahá’ís ont travaillé aux côtés des communautés religieuses de Kinshasa pour concrétiser cette volonté d’action unificatrice. Le groupe interreligieux récemment formé se réunit régulièrement depuis sa création, appelant ses réunions l’Espace de Unis dans la diversité sociale.
Cette collaboration produit de nombreux fruits. Par exemple, le groupe a déjà organisé un séminaire d’une journée le mois dernier et a préparé un court documentaire, présentant des entretiens avec des dirigeants de différentes communautés religieuses et discutant de l’importance de leur collaboration. Ils explorent des thèmes tels que la contribution du développement durable à la paix et la manière dont l’éducation peut éveiller le sens du devoir et du service, entre autres sujets. Cependant, Mme Kakudji explique qu’au-delà de ces initiatives spécifiques, un processus s’est mis en place dans lequel des personnes de divers systèmes de croyance travaillent ensemble, se concertant pour relever les défis et s’appuyant sur le processus d’action, de réflexion et de consultation pour progresser systématiquement.
Réunissant des orateurs religieux, universitaires et étudiants, le récent séminaire s’est concentré sur un large éventail de sujets, par exemple, la façon dont l’économie peut promouvoir le bien-être collectif, dont la bonne santé est une dimension d’une culture d’unité, et dont l’éducation est au cœur du développement. Les dirigeants des communautés religieuses organisant cet espace ont parlé du caractère fondamental des principes spirituels pour le progrès social.
« Pour croître et se développer, le monde doit puiser sa force dans l’unité, a expliqué Alex Kabeya, membre de l’Assemblée spirituelle nationale bahá’íe du Congo. Il est encourageant de voir les chefs religieux et leurs fidèles travailler ensemble dans la bonne volonté, car le processus de transformation reflète alors la sincérité nécessaire pour contribuer à une paix durable. »
Les dirigeants de certaines des communautés religieuses impliquées, y compris plusieurs groupes chrétiens et la communauté musulmane, se sont également exprimés, par la suite, au sujet de la collaboration interreligieuse.
« Dans le saint Coran, l’unité est ce que Dieu recommande aux hommes. Un vrai musulman cherche la paix avec tout le monde », a déclaré Moussa Chirala, coordinateur de la Confédération nationale des jeunes musulmans du Congo.
Willy Masaka, président national de la Jeunesse protestante du Congo, a souligné la façon dont le principe de l’unité dans la diversité s’appliquait à la collaboration avec toutes les religions : « Avec ce forum pour la paix, nous voulons faire entendre la voix de l’unité dans la diversité, au-delà de nos différentes dénominations religieuses. »
Le séminaire avait été précédé, une semaine auparavant, par une marche dans le centre-ville de Kinshasa, à laquelle ont assisté quelque 3 000 personnes. Les participants ont terminé leur marche d’une heure sur une scène où différents intervenants ont partagé de la musique et d’autres représentations artistiques qui abordaient l’importance de l’unité, de la protection de l’environnement, parmi d’autres objectifs.
Mme Kakudji a annoncé qu’il était prévu de faire passer le documentaire sur une chaîne de télévision locale dans les prochaines semaines, ainsi que lors des rassemblements avec ses partenaires de Unis dans la diversité.