Un nouveau livre de prières en maori relie les cœurs au divin
HAMILTON, Nouvelle-zélande — En traduisant des écrits bahá’ís dans sa langue maternelle, le maori, Tom Roa a fait face à un problème difficile. Cette langue indigène profondément spirituelle a un mot pour l’esprit mais pas pour l’âme.
« Dans la Bible, ce mot wairua signifie âme et esprit. Mais dans Les Paroles cachées ce sont deux idées distinctes. Nous avons donc dû faire une distinction », explique M. Roa, professeur d’études maories et indigènes à l’université de Waikato, en faisant référence aux efforts déployés pour traduire l’une des œuvres les plus connues de Bahá’u’lláh.
Le mot résultant pour âme, wairua-ora, est une combinaison du mot pour esprit et un mot qui signifie vivant – esprit vivant.
C’était l’une des nombreuses complexités de la traduction des écrits bahá’ís dans la langue des peuples autochtones de Nouvelle-Zélande. Deux traductions importantes d’œuvres bahá’íes ont déjà été publiées en maori, résultats d’un effort de 14 ans qui a abouti à la publication ce mois-ci du premier livre important de prières bahá’íes dans cette langue.
L’accès aux prières en maori était une motivation clé pour l’Assemblée spirituelle nationale (en anglais) des bahá’ís de Nouvelle-Zélande lorsqu’elle a entrepris le projet en 2004. Une petite équipe de bahá’ís a travaillé avec M. Roa, qui a traduit d’autres textes spirituels en langue maorie, y compris la Bible et le Coran.
Le travail de traduction a commencé avec Les Paroles cachées, l’œuvre morale prééminente de Bahá’u’lláh, et Bahá’u’lláh et l’Ère nouvelle, une introduction à la foi, rédigée par J. E. Esslemont.
« Le livre de prières était le joyau, explique James Lau, membre de l’équipe de traduction. Tous nos efforts ont été couronnés par ce joyau. » M. Lau explique que le processus de traduction n’était pas simplement une tâche technique. L’équipe est devenue très soudée au fil des années, leurs efforts pour comprendre et traduire les concepts spirituels dans la langue maorie les amenant à explorer des thèmes spirituels profonds.
« Les bahá’ís étaient convaincus qu’ils devaient y avoir un livre de prières en maori, et je suis heureux d’avoir participé à ce projet, explique M. Roa. Les bahá’ís parlant le maori sont reconnaissants de pouvoir s’adresser à Dieu en utilisant leur langue. »
Comme dans de nombreuses cultures autochtones du monde, la culture maorie comporte de nombreux concepts et idéaux profondément spirituels.
« Dans les anciennes prières des Maoris, il y a une phrase : Matangi i Oeia », explique Huti Watson, qui est Maori et membre de l’Assemblée spirituelle nationale de Nouvelle-Zélande. « Elle décrit un lieu dans les cieux et signifie les jardins parfumés. » C’est un concept dont Bahá’u’lláh parle également. Avoir des prières en maori nous relie davantage à la réalité de ces mots.
Mme Watson a déclaré qu’elle avait récemment remarqué qu’une prière bahá’íe traduite en maori était diffusée sur Facebook. La prière, écrite par ‘Abdu’l-Bahà au sujet des enfants, avait été déposée par des mères.
« Les gens disent : « Wow, c’est magnifique. C’est exactement ce que je veux », remarque Mme Watson.
Cette entreprise intervient dans le cadre d’efforts plus larges pour relancer la langue maorie. M. Roa, qui a été à l’avant-garde de ces efforts, dit que les personnes parlant le maori représentent une part décroissante de la population néo-zélandaise. Les Maoris ne représentent que 15% de la population néo-zélandaise et seulement un cinquième d’entre eux peuvent avoir une conversation en maori, note M. Roa.
Cependant, l’apprentissage de la langue suscite un intérêt croissant : « Au cours de la première moitié du XXe siècle, beaucoup de nos aînés ont mentionné le fait d’être punis physiquement pour avoir parlé maori à l’école. Maintenant, nous avons des écoles qui réclament des professeurs de maori. »