L’éducation, moteur de développement des îles Mentawaï
TUAPEIJAT, Indonésie — Dans les années 1950, la foi bahá’íe arriva aux îles Mentawaï, un groupe de 70 îles au large des côtes indonésiennes. Beaucoup de communautés Mentawaï embrassèrent les enseignements de Bahá’u’lláh, tels que le caractère fondamentalement noble de l’être humain, l’unité de l’humanité et l’importance de l’éducation pour libérer les vastes potentialités latentes dans l’esprit et l’âme des êtres humains.
Dans les années qui suivirent, l’accès à l’éducation devint une priorité. Des écoles, ouvertes à tous les enfants, furent établies dans les villages des îles. En 1963, lors du premier Congrès mondial bahá’í à Londres, un jeune homme Mentawaï s’adressa à plus de 6 000 personnes de plus de 40 pays. Le jeune homme, qui avait participé aux programmes éducatifs offerts par la communauté bahá’íe, parla des développements dans son pays.
Les décennies suivantes furent difficiles pour les bahá’ís d’Indonésie jusqu’en 2014, quand la Foi a été reconnue par le ministère des Affaires religieuses comme une religion indépendante. Pourtant, tout au long de cette période, la communauté bahá’íe d’Indonésie contribua progressivement à l’éducation dans les îles.
Pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Bahá’u’lláh, la communauté bahá’íe d’Indonésie, de concert avec une organisation d’inspiration bahá’íe dans les îles Mentawaï, organisa une conférence sur le rôle de l’éducation spirituelle dans la construction de communautés prospères et paisibles. L’évènement se tint à Tuapeijat le 16 avril.
L’organisation non gouvernementale, appelée Unity in Diversity Foundation (Fondation pour l’unité dans la diversité), ou Yayasan Bhinneka Tunggal Ika (YBTI) en indonésien, encourage la création d’écoles locales dans les communautés isolées qui composent les îles Mentawaï et offre une formation professionnelle aux enseignants.
« Si nous regardons autour de nous, nous pouvons voir de nombreux conflits économiques, politiques et sociaux », a déclaré M. Nikanor Saguruk, chef adjoint du parlement local, dans son allocution d’ouverture du séminaire. Mais aujourd’hui, nous sommes très reconnaissants à l’YBTI d’avoir eu l’occasion de discuter au cours de ce séminaire de la manière dont l’unité, la tolérance et l’harmonie – les clés d’une nation prospère – peuvent être réalisées par l’éducation. »
La conférence a été suivie par certains représentants du gouvernement, dont M. Muharram Marzuki, chef du Centre de recherche et de développement du ministère indonésien des Affaires religieuses. Des enseignants de cinq écoles créées par l’YBTI y ont également participé et ont interprété une danse traditionnelle mentawaï pour débuter l’évènement.
Dans ses commentaires au cours de la conférence, Mme Seminar Siritoitet, représentante du régent du district des îles Mentawaï, a rappelé le manque d’écoles disponibles pour les enfants Mentawaï dans le passé et les efforts de la communauté bahá’íe pendant plusieurs décennies pour améliorer, en collaboration avec d’autres, la situation éducative.
Le pasteur Panulis Saguntung, dans son discours liminaire, a également rappelé cette longue histoire. Il a partagé ses souvenirs d’enfance quand il allait à l’école d’un village Mentawaï isolé dans les années 1960, école dirigée par deux enseignants, l’un chrétien et l’autre bahá’í. Les enseignants, a-t-il expliqué, travaillaient ensemble et organisaient des cours dans l’église du village car il n’y avait pas de bâtiment scolaire.
« ... Nous sommes très reconnaissants à l’YBTI d’avoir eu l’occasion de discuter au cours de ce séminaire de la manière dont l’unité, la tolérance et l’harmonie – les clés d’une nation prospère – peuvent être réalisées par l’éducation. »
—Nikanor Saguruk
L’un des membres du conseil d’administration de l’YBTI, M. Manoochehr Tahmasebian, a expliqué dans une présentation comment l’approche de l’organisation en matière d’éducation et de construction de l’unité s’inspire des principes tirés des enseignements de Bahá’u’lláh. Selon lui, il était fondamental d’insister sur l’importance de l’éducation spirituelle qui encourage le développement des qualités nécessaires pour construire la paix et l’harmonie sociale. L’objectif d’une telle éducation n’est pas de dispenser un enseignement religieux ou de convertir les élèves à une religion particulière. Au contraire, l’YBTI vise à aider les jeunes de divers milieux à apprendre à promouvoir l’unité dans la diversité et à contribuer au progrès de leur société.
Les efforts de l’YBTI font partie des efforts plus larges, quoiqu’à leurs débuts, des bahá’ís des Mentawaï pour contribuer au domaine de l’éducation. Les bahá’ís continuent d’y étendre et d’y renforcer un processus éducatif qui aide les gens à améliorer leur capacité à servir dans leurs communautés, en offrant par exemple des opportunités pour l’éducation morale et spirituelle des enfants et des jeunes.
En parallèle, les écoles de l’YBTI se concentrent actuellement sur le renforcement de divers aspects de leur fonctionnement tels que la qualité de l’enseignement scolaire et moral, a expliqué M. Tahmasebian. Ils apprennent également comment développer le sentiment que les écoles appartiennent à leur communauté. Cela se fait à travers des visites régulières des enseignants aux parents pour discuter des progrès de leurs enfants. Les écoles visent également à fournir aux parents des espaces pour étudier et discuter de concepts liés à l’éducation afin de renforcer le travail effectué en classe pour développer les capacités spirituelles et intellectuelles de la prochaine génération.