Une conférence sur le droit souligne les atrocités commises contre les minorités religieuses
WASHINGTON D.C. — Pourquoi faut-il des atrocités inimaginables contre les minorités religieuses pour que le monde réagisse ?
« Cette question nous demande d’examiner la façon dont nous traitons l’oppression aujourd’hui », a déclaré Diane Ala’i, représentante du bureau de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève, lors d’une table ronde sur la liberté de religion, au cours de la réunion annuelle de l’American Society of Comparative Law (ASCL) à Washington, DC, qui s’est tenue du 26 au 28 octobre.
Mme Ala’i a attiré l’attention sur les mécanismes des Nations unies visant à défendre les minorités religieuses : la nomination de rapporteurs spéciaux, les résolutions adoptées par le Conseil des droits de l’homme et d’autres organismes du même genre, l’Examen périodique universel et l’utilisation des médias pour sensibiliser et amener les gouvernements à rendre des comptes, entre autres.
« Chacun d’eux s’est avéré efficace pour freiner les persécutions extrêmes, mais il y a encore des barrières quand on ne s’appuie que sur les normes juridiques et les interventions internationales. Il existe des conditions chroniques d’oppression qui sont beaucoup plus difficiles à traiter. Elles demandent aux dirigeants – en particulier aux chefs religieux – de regarder honnêtement comment leur rhétorique affecte les conditions sociales dans leurs pays.
« Observons la montée de la persécution religieuse au sein d’une société : cela commence souvent par la création d’une fausse altérité, qui est systématiquement cultivée dans la société par le développement de stéréotypes, de mythes et de calomnies attribués à un groupe minoritaire.
« Il est intéressant de noter que les mensonges répandus sont généralement très bien élaborés et culturellement conçus pour exploiter les peurs primaires de l’audience sélectionnée. » Le cas de la communauté bahá’íe en Iran a servi d’exemple. La création calculée et sophistiqué d’altérité a, pendant de nombreuses décennies, permis aux responsables religieux, aux autorités et aux médias de déshumaniser les baha’is aux yeux de la population iranienne.
En Iran, le problème est que la stratégie de persécution a changé au fil des ans afin de rendre le contrôle international plus difficile. Les violations plus visibles des droits de l’homme, comme les exécutions effectuées dans les années 80, ont été remplacées par des formes beaucoup plus insidieuses qui peuvent avoir des effets plus dévastateurs.
Mais les arrestations arbitraires, l’exclusion de la jeunesse bahá’íe de l’enseignement supérieur et la fermeture de pratiquement toutes les voies de survie économique à des segments entiers de la population bahá’íe se poursuivent, combinées à une campagne médiatique immodérée qui ne laisse aucune chance aux Iraniens d’obtenir des informations précises sur la communauté bahá’íe. « Elles sont également dévastatrices, mais ne suscitent pas la même réponse qu’une flambée de violence religieuse », a précisé Mme Ala’i.
Dans cette condition chronique d’oppression qui dure depuis des décennies, la communauté bahá’íe a réagi de manière remarquable. Elle n’accepte pas le statut de victime. Elle garde l’espoir, pardonne à ceux qui perpètrent ces injustices et continue à allumer l’amour des autres dans le cœur des membres de sa communauté.
« Malgré l’importance des forces visant à étrangler leur communauté, a-t-elle poursuivi, les bahá’ís rallient progressivement un nombre croissant de leurs compatriotes iraniens par leur attitude, leur intégrité et leurs tentatives persistantes, contre toute attente, de contribuer à l’amélioration de la société, main dans la main, avec leurs concitoyens. »
« La barrière de l’altérité commence à se fissurer. Nous constatons que certains Iraniens, impartiaux, commencent à défendre les bahá’ís, non seulement des avocats courageux et des défenseurs des droits de l’homme, mais d’autres aussi. »