« Échos de l’injustice » : Un évènement mondial rend hommage 40 ans plus tard à 10 femmes bahá’íes
LONDRES — Mercredi soir, le Central Hall Westminster à Londres a résonné de performances artistiques et de présentations émouvantes en l’honneur des 10 femmes bahá’íes exécutées en Iran il y a 40 ans.
Cet évènement commémoratif mondial faisait partie de l’initiative Our Story Is One, une campagne d’un an qui honore la mémoire des 10 femmes bahá’íes et met en lumière la lutte actuelle pour l’égalité des sexes en Iran. Des rassemblements similaires ont eu lieu ces derniers jours dans différents pays, notamment dans cinq maisons d’adoration bahá’íes à travers le monde.
L’événement a été organisé conjointement par la Communauté internationale bahá’íe (BIC) et le Bureau bahá’í des affaires publiques du Royaume-Uni, réunissant 150 participants, dont des responsables gouvernementaux, des fonctionnaires des Nations unies, des représentants d’organisations internationales de la société civile, d’éminents défenseurs des droits de l’homme et des journalistes de plusieurs pays. Ils ont rappelé cet événement tragique comme un rappel brutal des sacrifices consentis par les femmes du monde entier pour le principe d’égalité. L’évènement a été retransmis en direct et largement couvert par les médias.
Des extraits d’un documentaire intitulé Before Sunrise(version sous-titrée en anglais) – une référence à l’époque de l’exécution des femmes – réalisé par Radio Farda ont été projetés lors de l’évènement.
Simin Fahandej, une représentante du BIC, a parlé de l’importance de l’évènement, déclarant que la communauté bahá’íe a dédié le rassemblement à « toutes les femmes d’Iran qui continuent à lutter pour la cause de l’égalité des sexes ».
Mme Fahandej a raconté l’histoire poignante des 10 femmes bahá’íes dont la vie a été interrompue en raison de leur refus de renoncer à leur foi. Elle a brossé un tableau saisissant de leurs derniers instants et des atrocités qu’elles ont endurées.
On se souvient notamment de Mona Mahmoudnejad, 17 ans, qui, dans un essai scolaire, a parlé de son aspiration à la liberté et à l’égalité, demandant à ses professeurs pourquoi elle n’était pas autorisée à exprimer publiquement ses convictions. Cet essai lui a valu d’être expulsée de l’école et interrogée en prison, a déclaré Mme Fahandej.
Elle a ajouté : « Aujourd’hui, nous réalisons les souhaits de Mona. Son message est diffusé à la radio et à la télévision dans le monde entier. Ses paroles résonnent dans le monde entier, sont partagées dans de nombreux pays et entendues dans une salle remplie d’éminentes personnalités venues célébrer sa vie et celle des neuf autres membres de sa communauté qui ont été exécutés en même temps qu’elle. »
Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, également présent, a déclaré : « L’exécution de ces femmes était… un triste rappel de la lutte incessante pour les droits de l’homme et l’égalité des sexes qui se poursuit en Iran pendant des décennies et qui a touché ses femmes de toutes les confessions et de tous les horizons. »
Fiona Bruce, membre du Parlement et envoyée spéciale du Premier ministre britannique pour la liberté de religion ou de conviction, s’est fait l’écho à ces sentiments en déclarant : « J’espère et je crois que la voix collective de… nos alliances internationales travaillant ensemble sera plus forte en votre nom que la voix de n’importe quel pays individuellement. »
S’exprimant sur la campagne OurStoryIsOne, Nassim Papayianni, d’Amnesty International, a souligné l’importance de cette initiative, appelant tout le monde « à se joindre et à participer et à faire entendre la voix de tant d’autres qui ne peuvent pas le faire librement à l’intérieur du pays sans craindre de représailles ».
Dans une présentation émouvante, Jim Shannon, député et président du Groupe parlementaire multipartite sur la liberté de religion ou de conviction, a déclaré : « Une partie de notre travail consiste à témoigner, à faire en sorte qu’aucun gouvernement ne puisse dire qu’il n’était pas au courant de ce qui se passe.
« Dans cet esprit, je veux lire les noms de celles qui ont été assassinées, à la fois comme un acte commémoratif mais aussi pour qu’il soit consigné que malgré la brutalité du régime, ces femmes nous inspirent encore aujourd’hui. »
Mme Fahandej a souligné l’héritage durable des 10 femmes bahá’íes, expliquant : « Le gouvernement iranien peut croire qu’en exécutant des personnes innocentes pour leurs croyances, il peut les réduire au silence, mais… comme le montre cet évènement aujourd’hui, comme des graines de fleurs qui se répandent… leurs voix se multiplient et leur héritage se poursuit et devient une source d’inspiration pour des millions de personnes. »
La commémoration, a-t-elle ajouté, ne consistait pas seulement à revenir sur la tragédie, mais aussi à reconnaître la lutte actuelle pour l’égalité et la liberté.
Un enregistrement de la réunion est disponible ici. L’évènement faisait partie de la campagne Our Story Is One qui a été lancée par le BIC le 18 juin avec un évènement de deux heures sur les réseaux sociaux qui a reçu une couverture mondiale, marquant le 40e anniversaire des 10 femmes bahá’íes.